MORENO Jacinto [Hyacinthe]

 

Né à Grenade (Andalousie, Espagne) le 13 janvier 1912 ; mort à Sète (Hérault) le 11 octobre 1982 ; républicain espagnol ; mineur à Alès (Gard) ; employé de commerce au port à Sète ; artiste peintre ; compagnon de route du Parti communiste.

 

Jacinto Moreno était le fils de Francisco Moreno-Gimenez, né à Grenade et de Mercédès Gutierrez-Guerrero née à Grenade. Enfant, il reçut une éducation religieuse, mais devint ensuite athée. Le 8 mars 1939, en Espagne, il se maria civilement avec Josefa Barull. Le mariage civil n’étant pas reconnu en Espagne franquiste, il se maria à nouveau à Sète le 21 juillet 1951. Ils eurent neuf enfants, nés entre 1941 et 1963, dont deux jumelles nées en 1950. Jacinto Moreno fut l’ami de Frédérico Garcia Lorca dont il illustra des poèmes qui furent notamment présentés à la médiathèque de Bagnols-sur-Cèze (Gard) du 2 au 24 décembre 2008 lors de l’exposition « l’Espagne au coeur ».

Il fut lieutenant dans l’armée républicaine espagnole, puis, en 1938, devint capitaine dans l’Infanterie. Condamné à mort, il se réfugia en France en 1939 où il travailla tout d’abord dans les mines à Alès (Gard). En 1945, il vint s’installer à Sète où il travailla sur le port. Sa passion de la peinture lui permit de se lier avec le peintre François Desnoyer. Très vite il fit la connaissance d’autres artistes sétois. Du 18 au 29 juin 1960, il fut un des invités de l’exposition du groupe Montpellier-Sète, qui se tint, salle Tarbouriech (alors située en mairie de Sète) avec un tableau intitulé Les clowns musicaux. À cette occasion nous pouvons noter son prénom subit une francisation en Hyacinthe que l’on retrouvera désormais assez souvent, alors qu’il était attaché à son prénom espagnol Jacinto. Il participa à de nombreuses expositions dans la région. Ainsi, en 1960, il obtint le prix de La tauromachie à Nîmes. En 1961, il devint sociétaire du Salon d’automne, au cours duquel il reçut un prix témoignant de la reconnaissance de son travail. Il demeura sociétaire de cette institution, datant de 1903, jusqu’en 1981. Il donna sa démission à la suite de la perte d’une de ses toiles. En 1975 il reçut la médaille de bronze du Salon international de Paris-Sud. Les « cartons verts » de la bibliothèque de l’Institut national de l’Histoire de l’Art conservent deux documents, couvrant la période 1962-1963, parmi plus de 42 000 cartons d’invitation à des expositions ou à des vernissages et divers autres prospectus ou plaquettes.

À Sète, Il a laissé une décoration destinée à la halle aux primeurs, actuellement déposée au musée Paul-Valéry de Sète. Il fit don d’une de ses fresques pour le Foyer du Thonnaïre (résidence accueillant des personnes âgées) à l’île de Thau à Sète, afin de remercier la municipalité dirigée par Gilbert Martelli* qui avait accueilli son ami le peintre Jordi. Fidèle à ses engagements ouvriers, il fut à l’origine, pendant les évènements de Mai-Juin 1968, avec son ami cheminot le peintre René Grégogna, d’une exposition regroupant 38 artistes sétois dont, entre autres, Sarthou et Desnoyer. Ils organisèrent ainsi un soutien financier des artistes à l’action des travailleurs. Il exposa ses oeuvres à deux reprises au musée Paul-Valéry. La première fois il présenta une rétrospective de son travail. Puis la seconde exposition se déroula du 19 novembre 1993 au 9 janvier 1994. Il conserva sa nationalité espagnole jusqu’à son décès, car il était attaché à ses racines. Cependant, il respectait beaucoup la France qui l’avait accueilli, lui et sa famille. Mais il se sentait toujours profondément espagnol. En faisant ce choix, il se vit attribuer un passeport d’apatride qui lui interdisait tout engagement public en politique. De sensibilité communiste, il fut un compagnon de route du Parti communiste, sans en devenir membre. Depuis 1982, une rue de Sète porte son nom.

 

SOURCES : Les rues de Sète, ouvrage collectif, Sète, éditions Mairie de Sète, p.185. — Jacques Blin, Regards

engagés sur 1968 à Sète. Pour témoigner de ce moment militant, Sète, à compte d’auteur, 2008, 106 p. — Renseignements fournis par sa fille Marie-Josée en avril 2013.

 

Jacques BLIN

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